mercredi, septembre 09, 2009

[Episode 4]

J’ai mis mon plus bel uniforme, une longue robe noire sur laquelle figurent trois médailles de l’ordre du mérite, obtenues pour service rendu à la Zato. J’avais apporté mon témoignage. Des membres de la famille de gens haut placés chez LÉONARD. Dans les trois cas, il y avait respectivement accusation de chantage, de harcèlement sexuel et d’abus de pouvoir. Des salariés. Un acte de courage exemplaire mais totalement suicidaire, les entraînant tous, aussitôt le procès perdu, à être incarcérés dans le centre d’aide psychologique d’Elbeuf-lès-Zato pour faux témoignages. J’ai retrouvé la trace de l’une d’entre eux sur l’écran de la Zato, dans l’émission citoyenne diffusée quotidiennement intitulée Des citoyens qui veulent s’en sortir. À ma grande surprise, elle paraissait en bonne santé, souriait naturellement devant la caméra. Parce que là-bas, ils vous réapprennent le respect des institutions, des droits et des devoirs du citoyen à coups de médicaments et de phrases lobotomisantes, que chacun répète comme un forcené devant les caméras. Flatter les écranspectateurs à tout prix qui pourraient les sortir de là. Un appel = une vie. Ceci ne concerne évidemment que les citoyens d’origine. Parce que les post-immigrés, eux, c’est autre chose. On ne les voit pas. On ne les mélange pas — la loi anti-métissage s’applique ici à la lettre. Ils sont parqués dans le centre de La Madeleine, le camp dans le camp, un site sous haute surveillance. Non pas qu’ils soient des monstres. Il faut les protéger contre la menace extérieure, les ennemis de la Zato, les terroristes qui ont refusé le plan sécurité et prospérité élaboré par le fondateur de LÉONARD et ses principaux alliés, la Weltgeist Group, la New Asia company for research and development et la New Russia fondation for prosperity, le pare-feu essentiel à la politique de paix globale.

Je suis reçue par une hôtesse au large sourire, au visage rose et à l’accent bien prononcé. Une citoyenne vraisemblablement d’origine. Elle me fait remplir le formulaire électronique d’identification. 30 secondes d’attente et la confirmation du bip sonore. Je suis bien Viviane. Post-immigrée. Deuxième génération. Milicienne. Résidant au REP/RD/76 -- BLOC 54 et j’ai effectivement rendez-vous aujourd’hui à 9h30 au BLOC 1. « Prenez le troisième ascenseur qui est à votre droite, citoyenne ! » Je la remercie tout en étant agréablement surprise de m’être entendue appeler citoyenne.

Au bout du couloir, un factionnaire de l’unité d’élite, la garde rapprochée des administrateurs du consortium, posté devant le troisième ascenseur. Je lui tends mon bras gauche qu’il inspecte avec un détecteur de puce électronique. De nouveau le bip sonore. Il m’observe de la tête aux pieds comme si je constituais une menace potentielle, puis visionne l’écran derrière moi. Je le vois saliver discrètement. No comment. Ces types ont tous les droits et moi je ne peux qu’approuver : le consentement fait partie du pacte — le droit à la coopération.



Pour votre confort et pour votre sécurité, veuillez respecter les consignes :



1°) Vous n’êtes pas autorisé à dépasser la limite de 6 personnes.

2°) Vous n’êtes pas autorisé à piloter l’ascenseur.

3°) Vous n’êtes pas autorisé à transporter des objets associés à la sécurité.

4°) Vous n’êtes pas autorisé à dialoguer avec le garde.

5°) Vous n’êtes pas autorisé à outrager la caméra de contrôle.

6°) Vous n’êtes pas autorisé à troubler l’ordre public.

7°) Vous n’êtes pas autorisé à sortir le premier.


Nous nous élevons vers une destination inconnue dans un silence pesant. Aucune indication si ce n’est le ronflement métallique de l’élévateur et l’odeur des corps en panne d’humeur. Qui vais-je rencontrer là-haut ? Ce n’est sûrement pas le garde qui va répondre. Lui, il est muet comme une carpe. Des managers généraux ? Certainement. Parce que les administrateurs, on ne les voit plus qu’à travers les écrans depuis que le fondateur de LÉONARD a été assassiné par un activiste du FAS — le Front anti-sécuritaire —, un groupuscule terroriste dont les partisans vivent en exil en Austrafrique.

Le garde m’entraîne à travers un labyrinthe de murs blancs et de chiffres. Des techniciens supérieurs circulent en toute hâte les yeux plongés sur de mini écrans portables. Tout ici respire la compétence, le mérite. L’étage est celui de ceux qui font leur besogne en costume blanc. L’ÉLITE.


Le fondateur de LÉONARD avait structuré la société en catégories. Au bas de l’échelle : les stériles. Ils sont parqués dans le BLOC 101, c’est-à-dire l’ancien centre industriel de la rive gauche. Comme ils ne sont pas autorisés à passer la frontière, ni nous à pénétrer la leur, personne ne sait exactement de quoi ils ont l’air. On y trouverait des vieillards, d’incurables malades mentaux, des déviants sexuels, d’anciens salariés n’ayant pas atteint les objectifs fixés, des individus qui ont refusé l’offre d’un emploi obligatoire, des artistes qui se sont opposés à la réglementation de l’Art Nouveau, des femmes et des hommes dénoncés par leur conjoint pour incapacité à procréer. Beaucoup seraient passés par le centre d’aide psychologique, décrocher une seconde chance dans la vie. Mais seuls les plus déterminés y parviennent, ceux qui réussiront à marquer de leur empreinte les fidèles consommateurs d’écran. La catégorie suivante concerne les salariés de condition modeste. Le bleu est leur couleur de prédilection, l’uniforme bleu de travail. C’est la frange de la population la plus contrôlée… par la milice citoyenne. D’où leur aversion pour les post-immigrés, ces réfugiés qui nous prennent nos emplois, nos sources de revenu, et, le plus grave, nous dénoncent pour mieux nous rabaisser (entendue lors d’un congrès de l’Union des travailleurs de la Zato) Forcément, nous avons en commun le même but, survivre à tout prix, une croyance vantée par l’élite au nom de l’ascension sociale, le combat ne peut être que rude et malsain. Ils ont un mépris profond pour les stériles, ces catégories-traîtres, et certains ne seraient pas contre leur élimination physique, ce qui a valu la protestation des autres. La catégorie n’a pas besoin de mauvaise publicité et la hantise de se retrouver au bas de l’échelle. Les salariés de condition adaptée, la catégorie au-dessus, connus comme étant le consommateur idéal, ne leur inspirent guère confiance. Parce qu’ils gagnent plus en travaillant moins. Ce sont des feignants qui n’savent pas s’qu’est la valeur du travail et de l’uniforme, qui n’arrêtent pas d’se plaindre. Ils leur reprochent leur laxisme en général vis-à-vis de la discipline, de l’obéissance — la catégorie des salariés de condition modeste est une grande fournisseuse de soldats — et de la fidélité citoyenne envers la Zato. Les administrateurs leur ont imposé l’uniforme vert. Mais ils s’arrangent pour en détourner le symbole sans vraiment craindre quoi que ce soit, l’élite n’ignorant pas le pacte économique qui les lie à eux, alors que les ouvriers sont paralysés par le Grand emprunt. C’est dans cette catégorie qu’on y rencontre les éléments susceptibles d’être une menace pour la Zato, des adolescents qui flirtent avec les idées anti-globales, mais aussi des salariés comme ceux que j’avais autrefois dénoncés pour obtenir mes trois médailles de l’ordre du mérite, d’où leur hostilité également à notre égard. Viennent ensuite les techniciens du contrôle, de la coopération et du loisir, catégorie que l’on reconnaît aisément à leurs vêtements noirs. Ils sont recrutés sur la base d’un concours extrêmement rigide qui font d’eux des individus obéissants et redoutables. Ils exécutent les ordres, appliquent les décrets administratifs, utilisent un langage concis et sobre, identifiable par le vouvoiement à l’impératif, ce qui déstabilise les sous-catégories et les prive de toutes formes d’objection. On ne contredit pas les morts, j’avais pensé lors du dernier recensement de la population de la Zato ; Le technicien de la coopération — les citoyens d’origine étant recensés par ceux du contrôle — qui m’avait reçue dans son bureau n’admettait pas que je fusse du genre féminin puisque le formulaire électronique mentionnait l’inverse. En clair, j’avais été un homme pendant presque un an jusqu’à ce qu’il ait rectifié l’erreur. Les techniciens du loisir forment l’élite de cette catégorie. Ils sont les artistes de la Zato, l’avant-garde de l’Art Nouveau. Ceux qui sont adulés par les citoyens côtoient la fine fleur de LÉONARD. Tout au long de leur existence, ils passent des concours, obtiennent des prix, des titres, lesquels sont accordés en fonction de leur allégeance envers le dogme de l’Art Nouveau — ils sont inspectés et notés tous les six mois par les techniciens de la sûreté du travail — et du vote des consommateurs d’écran. La plus célèbre de tous est la citoyenne IDO AL/RD alias Aline Lefebvre, auteure du best-seller la ville aux mille lumières, une œuvre de vérité pure qui se consomme en famille, selon un critique. Elle a raflé tous les prix littéraires, ici comme à l’étranger, et reste l’exemple pour un grand nombre de débutants. Un seul avait osé émettre une critique virulente sur l’auteure, un ancien espoir de la Zato, celui dont tout le monde prédisait un avenir radieux, l’auteur de les joies du débutant interdit à la vente —, le roman qui avait perdu en final face à la ville aux mille lumières. Il avait traité le personnage principal de gentille brebis sans âme, ce qui lui avait valu l’inimité de toute la profession. Après son suicide raté, ils l’ont envoyé croupir dans le BLOC 101. Passons à l’étage supérieur : l’élite ou la force immaculée. Ce sont les descendants du Président Léonard, le bâtisseur de l’empire industriel. Au bas de l’échelle, il y a les experts en communication chiffrée (la descendance par alliance), c’est-à-dire ceux qui manient les chiffres — l’obligation de la transparence étant une des conditions sine qua non au bon fonctionnement de la société. Le chiffre établit la relation de confiance entre citoyens et sa publication constitue un droit élémentaire. C’est notre nourriture en quelque sorte car il nous renseigne sur la vie en général tels que l’évolution des prix, les problèmes liés à l’insécurité, notre capacité à vaincre les autres dans les domaines de la production et du commerce, de l’éducation, du sport, de l’intelligence (QI), de la guerre conventionnelle. L’humeur quotidienne dépend de son bon vouloir. Il n’est pas rare que des citoyens mettent fin à leurs jours parce qu’ils n’ont pas été comptabilisés dans le(s) chiffre(s) du mois. Pour ceux qui n’ont pas ce courage, c’est le début de la marginalisation, la lente descente aux enfers, le mépris des collègues, des voisins, des amis, perte du statut de salarié, désintégration de la structure familiale. Ce mois-ci, le taux de suicide est de 5%, soit une baisse de 2 points par rapport au mois dernier. Une très bonne nouvelle comme l’a annoncé l’animateur phare de l’écran de la Zato, en présence de l’invité du soir, le manager général Marc Léonard, lequel est venu commenter le chiffre du jour. Ah oui, les experts en communication chiffrée sont sous la tutelle des managers généraux (les cousins éloignés), lesquels décident de la publication des chiffres et les commentent dans les médias. Mais là n’est pas leur seule prérogative. Ils exercent également les métiers de juge, d’avocat, ils sont présidents d’une filiale de la maison mère, représentent le consortium à l’étranger, signent les contrats d’achats et de ventes et les plus éminents forment ce qu’on appelle les conseillers spéciaux des administrateurs, les dirigeants de la Zato (la descendance directe), ceux que l’on ne voit qu’à travers les écrans. Toujours parmi l’élite, il ne faut pas oublier de mentionner les gardiens du mausolée, dont la charge officielle est de veiller sur le corps du père de la Zato. D’après la version officielle, ce sont les clones de l’ascendance du fondateur — la confrérie des 7 —, quand la rumeur populaire affirme que ce sont ses enfants illégitimes, les bâtards nés de femmes de mauvaise fréquentation. Et si vous demandez des preuves, on vous dira qu’il n’y en a pas puisqu’elles sont toutes mortes. Il ne va pas sans dire que les administrateurs ont tout fait pour retrouver le propagateur de l’intox, et il s’est avéré qu’elle faisait partie du front anti-sécuritaire, la branche terroriste qui avait assassiné le fondateur. Elle a été guillotinée, après un simulacre de procès expédié en un après-midi — l’avocat de la défense était Me Léonard — au centre de rétention de Bonne nouvelle. « On ne souille pas la famille », ce sont les derniers mots du président de la maison de justice après l’annonce du verdict — le mot famille était le mot préféré de Jean-Baptiste Léonard quand il s’adressait aux citoyens : « Nous sommes une grande famille »


Une porte coulissante au bout du couloir. Un type me reçoit tandis que le factionnaire de l’unité d’élite retourne à ses occupations. Opération d’identification de nouveau. Bip. Bip. Bip. OK. Puis il me demande de patienter et m’offre un pulse coffee que je décline. Il retourne devant son écran après m’avoir servi un sourire irréel. J’ai les yeux rivés sur la gigantesque porte métallique fixée derrière lui.

Une femme très sûre d’elle et hautement distinguée en sort, à la fois furtive et impalpable, le parfait cliché du sujet fictif. Présence immaculée. Son parfum d’un exotisme outrageant envahit la pièce, mélange d’arômes qui révèlent je ne sais quel souvenir enfoui en moi. « Milicienne Viviane ? », elle m’évalue de la tête aux pieds. Sourire complice du secrétaire particulier.

— Avez-vous une petite idée de la raison pour laquelle vous avez été convoquée ce matin au BLOC 1 ?

La question me met mal à l’aise tout autant que sa personne, ses manières de vainqueur, sa voix de mère maquerelle de luxe demandant des comptes à l’une de ses filles.

— Non, madame la manager général.

— Depuis combien de temps êtes-vous à notre service ?

— Neuf années et huit mois, madame.

— Mmm. Nous avons déjà fait un bon bout de chemin ensemble, n’est-ce pas ?

— Oui, madame.

— Quelles sont vos perspectives d’avenir ?

— Servir la Zato, madame.

— Oui, bien sûr. Avez-vous déjà pensé à la conversion ? Vous savez que vous y avez droit après dix ans de service.

— J’en suis consciente, madame.

Quelques secondes de décontraction. Rien de bien grave finalement. Mais le temps me rattrape. Parce que faut que je vous explique ce qu’est La conversion. Après dix ans de service obligatoire, les post-immigrés ont deux possibilités. Soit nous retournons chez nous, soit nous montons en grade. Bien entendu, il nous est formellement déconseillé de remettre les pieds là-bas, à cause de l’insécurité qui y règne.

« À quoi bon y retourner. Et puis l’échec, vous y avez pensé ? Vous avez la chance de bien gagner votre pain quotidien ici, ne l’oubliez pas ! Certes, vous avez quelques règles à respecter comme l’interdiction de tout rapport amoureux, sexuel, mais c’est un détail, vous le savez bien — autre détail : l’interdiction de la pratique sexuelle en solitaire, les conséquences étant désastreuses sur les sujets dans le domaine du rendement. Ainsi chaque post-immigré est pourvu d’une puce électronique de protection dans les parties génitales (dans la loi anti-métissage, il est stipulé que la Zato a la responsabilité de nous protéger contre les MST) —, et vous exercez le très joli métier de gardien des bonnes mœurs : vous êtes les garants des valeurs du consortium »

« Je ne me vois pas revenir en caleçon là-bas, et puis qu’est-ce que je vais y faire ? », c’était les dernières paroles d’un collègue, le milicien Thomas, avant de se pendre — il est officiellement mort d’une crise cardiaque (le taux de suicide relatif aux post-immigrés est quasi nul. Il ne peut en être autrement quand vos hôtes vous traitent bien) En effet, le second choix n’est pas forcément exaltant. Ce qu’ils appellent monter en grade est une descente progressive vers un néant peuplé de zombies, un voyage vers le bout duquel il vaut mieux ne pas en parler. Au début, ils nous vendent l’affaire avec des mots simples, des formules magiques : objectifs évolutifs de carrière, augmentation de salaire, du pouvoir d’achat, primes à l’emploi, reconnaissance sociale. Puis vous êtes dans le doute lorsque vous entendez parler d’opération de pacification, de primes de risque, de contrat d’assurance décès. Tout se dégrade quand vous apprenez que vous allez vous engager pour cinq ans au CF-SPI (corps franc — section post-immigrée), un organisme paramilitaire officiellement non-affilié à la Zato ; en cas de capture, l’ennemi est en droit de vous exécuter. Ils nous expliquent tout cela, sauf le dernier point, durant les trois jours de formation au BLOC 7 — REP/RG/76. C’était il y a plus de neuf ans. Mais moi, je ne me suis pas posé de questions. J’étais déjà bien content d’avoir un boulot. On est forcément optimiste devant la disponibilité du temps. Mais plus je vieillissais, plus je le sentais déterminé à marquer son territoire. Et voilà qu’elle vient me le rappeler.

— Vous savez aussi qu’une bonne conversion dépend de vos états de service. Plus vous êtes efficace, plus vous monterez en grade. Vous êtes triple médaillée de l’ordre du mérite, n’est-ce pas ?

— Oui, madame.

— Soyez en fière, milicienne !

— Tout travail bien fait mérite récompense, madame.

— Et très bonne élève en plus. Les mauvais citoyens devraient prendre exemple sur vous. Travail, rendement et obéissance. Le fondateur dit que c’est le socle même à partir duquel doit reposer toute société organisée, la condition nécessaire à toute volonté de grandeur. Voyez ce que nous sommes devenus, une puissance incontournable et respectée dans le monde. Nous avons potentialisé l’objectif de rendement total. Le rêve du grand homme s’est réalisé et nous sommes ses serviteurs zélés, n’est-ce pas ?

— C’était un très grand homme, madame. Il a œuvré pour la paix et la prospérité dans le monde.

— Il n’est pas mort, vous savez !, son visage s’est soudainement durci. J’ai oublié que parler de lui au passé était un profond manque de respect.

— Veuillez excuser mon erreur, madame. Entendre parler du grand homme m’a émue.

— Vous êtes toute excusée, milicienne. Ceci dit, maîtrisez-vous à l’avenir, c’est un conseil d’amie. L’émotion est ennemie du rendement.

— Je tacherai de m’en souvenir, madame.

— Et si nous revenions à votre conversion !, elle me l’annonce comme si c’était déjà fait. Vous méritez mieux qu’un engagement au sein du CF-SPI, n’est-ce pas ? Ça vous dirait de retourner chez vous ?

— Je ne vous suis pas, madame.

— Soyez sans crainte, ce n’est pas une expulsion. Que diriez-vous d’un poste d’attaché militaire au consulat du consortium en Austrafrique ?

— Mais je n’en ai pas les qualifications requises, madame.

— Ne vous sous-estimez pas, milicienne. N’oubliez jamais que vous êtes une battante. Quelle est votre grade au juste dans la milice ?

— Échelon B niveau 4, madame.

— Ce qui équivaut au grade de Capitaine dans l’armée. Elle s’installe devant moi et me tend son mini-écran sur lequel est inscrite une adresse.

— Vous allez vous rendre à cette adresse ce soir. On viendra vous chercher à 19h30.

— Puis-je en savoir un peu plus, madame ?, je reconnais que c’est un peu osé. Mais ne suis-je pas une battante ?

— J’aime votre cran, milicienne. Apprenez cependant à ne pas trop marcher à terrain découvert. Et puis vous verrez, vous serez accueillie par un homme charmant.

Je l’avais déjà entendu autrefois, quand des personnes haut placées exigeaient de moi un service : « Vous verrez, vous serez accueillie par un homme charmant. »


À peine arrivée au bloc, je me rue vers le livre. Sur le retour, je n’ai pas cessé de penser aux dernières phrases.


Et je leur ai donné mon portefeuille… un portefeuille vide, ce qui me fait vaguement sourire. Je suis bel et bien vivant.


C’est dans ce contexte que je vais me rendre chez l’homme charmant. Une milicienne totalement démunie se demandant jusqu’à quel point elle s’en sortira vivante.




À SUIVRE…

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