mercredi, février 18, 2009

[Episode 2]



Notre premier contact s’est fait sur facebook, chez Crystal castles, groupe canadien qui fait un tabac auprès de la jeune génération exaltée par la fureur de vivre. J’aurais pu continuer mon chemin, me pavaner de profil en profil, traverser les continents en touriste du clic sans jamais quitter la chaise de métal bradée chez Rouen Habitat, bien emmitouflé dans le sac de couchage protection contre le grand froid. Mais il y avait ce gribouillis sur le mur, associations de lettres tout droit sorties d’une maison de fou, un langage fait de codes qu’elle seule pouvait comprendre. Aussitôt j’ai requis son amitié. En savoir plus. Illico presto. L’attente fut longue je dois dire, entre clopes et cafés et odeurs ingrates des corps en déliquescence. Et toutes les questions toc : que pense-t-elle de moi, me trouve-t-elle futile, me prend-elle pour un pervers ? Trois jours d’agitation maladive. Et devinez quoi ! Rien. Rien que des pages blanches. Rien qu’une photo de profil. Rien qu’une pin-up enveloppée de vinyle. Rien qu’un cliché de plus. Rien d’autre. Je commençai déjà à regretter mon geste. Encore une de ces amitiés de principe, l’ajout de plus qui ferait passer mon nombre d’amis de 28 à 29. Je fulminai contre moi-même. De m’être laissé emporter par l’infâme pulsion. Trois jours de perdus dans une vie ce n’est pas rien. Je dirigeai la souris vers mon profil dans un accès de rage, tapant comme un fou sur la vieille table en bois à multiples reprises. Mais aussitôt débarqué, j’eus l’impression que quelque chose m’avait échappé. Comme un flash. Retour page précédente en un clic passionnel, à la recherche de l’info tant désirée, les yeux dévorant les deux trois miettes aux creux du désert. Lorsque je vis Stanislas Lem dans Livres, un nom qui m’était inconnu, tout droit sorti d’outre-tombe. STANISLAS LEM. Ne voulant pas être le dernier des imbéciles, j’allai vérifier dans wikipédia la fleur au fusil, m’attendant au portrait ni plus ni moins d’un écrivain exécuté en deux paragraphes : origines, date de naissance, moments clés, œuvres. Mais me suis trouvé con lorsque l’info est apparue. Alors comme ça elle aurait lu Solaris -- je ricanai intérieurement avec dédain. Déjà que le film… Putain. J’ai accroché ma souris jusqu’à l’étrangler, la flèche circulant toutes directions sans savoir où atterrir. STANISLAS LEM. Écrivain, polonais, S-F, futurologie, exolinguistique. Tiens ! un mot savant. Ai Parcouru la page, l’entière page, quantité incroyable de mots savants, de phrases subordonnées à d’autres, me suis essoufflé très vite et l’index déjà prêt à cliquer, se casser ailleurs vers plus de potins, du plus facile à lire, avec des chiffres, des espaces, des photos, quand il était jeune, quand il était soldat, quand il était un héros, quand il a atteint l’âge de la mort. Mais je n’ai pas appuyé sur le bouton. Pas encore. Ainsi en a décidé le conciliabule à protagoniste unique. Poursuivais donc mes efforts. Lecture en diagonale jusqu’à la dernière ligne. En vain. Peut-être étais-je trop pressé, de tout avoir, de tout obtenir en un clic. On ne vit qu’une fois, n’est-ce pas le leitmotiv de toute une génération qui gobe de la culture comme on descend un paquet de fraises tagada en attente du buzz qui supplantera l’autre. Ne retenais au final qu’un paragraphe, celui du début où l’auteur du site met en lumière la place de l’exolinguistique dans les écrits de Stanislas Lem. J’en ai fait un résumé d’une phrase finissant par un point d’interrogation. Forcément j’espérais quelque chose en retour. Deux heures après, elle m’a fixé un rendez-vous à l’Espiguette. J’ai aussitôt approuvé. Je savais que personne ne viendrait nous épier.



Noël approche. Sourires apprêtés de circonstance. Mais on sent qu’ils font la gueule les commerçants de la rue St-Lô, malgré la bienveillante foule qui gesticule depuis la place de la cathédrale, au centre de laquelle se côtoient les odeurs de beignets et de vin chaud, les lumières tamisées qui se souviennent du temps de la nativité, ses reflets immaculés sur la patinoire sans la moindre trace de patin parce que les enfants préfèrent la mélodie ancienne contant l’histoire du Prince sur son cheval de bois, et, en contrechamp, l’imposante bâtisse, celle-là même qui ébranle le cœur de ces dames japonaises. Ambiance d’une époque bénie qui dépassent l’entendement. C’est peut-être mieux ainsi, que de voir tous ces cons à la triste figure. Comme moi. Parce qu’elle m’a posé un lapin. Dire que j’avais tant de choses à lui dire, la tête pleine de phrases toutes faites, tout ce que je n’avais pas osé lui déclamer la veille. Triple idiot de romantique arriéré.

M’arrête au Diplomate. M’acheter un paquet de tabac avant que dimanche ne ferme ses portes. M’en grille une j’en ai bien besoin. Calmer la palpitation générée par le manque de l’autre. Décide de faire un tour à la fnac. Cajoler l’heure inutile du milieu d’après-midi. Il y fait une chaleur à suffoquer tandis que le grand froid nous assiège souverainement de l’extérieur. Quelques connaissances de-ci de-là que je salue de très loin. Pas tellement envie de bavarder, pas la tête à ça. Je fends la foule la démarche lente, m’y abandonne pleinement en son sein, l’envie de sentir les corps exhalant quelque parfum à l’eau trouble. Sentiment d’une renaissance au 21ème siècle dans un centre commercial. C’est cela aussi l’époque moderne tant chérie. A ma droite, j’entends des cris d’enfants, hurlements de fauves assoiffés du dernier gadget de Nintendo, lequel n’a pas cessé d’agiter l’œil d’adultes fatigués des responsabilités quotidiennes ; les machines cherchent un maître, j’ai pensé en me marrant sec. C’est bien mieux qu’un chien. Vous pourrez toujours le jeter aux ordures sans avoir à chialer comme il est de coutume lorsque l’on perd le tendre et l’affectueux. Section livres. A l’exception d’un ou deux zozos traquant la fine belette, le client est sérieux ; le silence des nombreuses bibliothèques municipales de France et de Navarre. J’arrive au rayon roman d’Asie. Nette domination du Japon fétichiste et de la littérature chinoise émancipée, la vieille garde étant morte depuis la conversion du Parti du peuple à la modernité désormais en crise. Il n’y a pas grand monde. Sauf une dame qui ressemble étrangement à Duras. Ce sont les lunettes aux contours noirs d’une intellectuelle du siècle passé ayant déposé ses armes de séduction. J’ai le vertige. Le bon vieux temps, la civilisation de la barbarie. Elle semble très intriguée par les titres, les photos de couverture, les récits sex, drug & be a fashion victim d’une génération qui ne parle que de sa gueule et de ses états d’âme. Caprices de l’enfant unique. Freud mettant K.O. Lao Tseu, Confucius et la Bande des quatre. Triste époque où l’individualisme a supplanté l’individu, qu’elle doit penser à voir sa mine défaite. Elle avait dû quitter sa ville bien avant que celle-ci ne se soit métamorphosée, quittant amis et amants. J’ai envie de la serrer dans mes bras, son existence au charme suranné, elle qui vit seule désormais dans cette ville, la sienne par alliance. C’est ici qu’elle redeviendra poussière, loin du charivari de l’autre cité, celle au bord du Yangzijiang1. L’exil est une tragédie sans fin. Remonte l’allée en direction de la section sciences humaines. Clients plus nombreux cette fois. Forcément, l’époque se cherche. Tous ces journaux intimes, ces livres de confession, des hauts gradés de l’Histoire aux stars de la télévision ; tous aux portes du temps pissotière. Le grand déballage sous vide du héros moderne, cet imposteur qui s’aime en cliché page de couverture.

Décide d’écourter l’heure inutile du milieu d’après-midi. Envie d’une blonde. Du parfum de Laure.






21h23. Flocons. Atterrissent par millions du grand trou noir. J’ai fumé ma cigarette en moins de trois minutes, ça ne valait pas le coup de finir congelé sur le balcon. Du reste, je n’aime pas la neige.

-- Quelle équipe nationale a été sacrée championne du monde de football en 1978 ?

L’Argentine. Kempès, Passarella, les militaires, les non-alignés… Johan Cruijff, le bandit du ballon rond, qui avait une clope à la main dans un avion en 1974, qu’il fumait tel un lord condamné à l’échafaud, foutrement classe, celui dont la légende affirme qu’il avait refusé de copiner avec le Général Videla, cet énième coq du village du siècle donneuse de sang.

C’était la question méga camembert et elle ne l’avait pas. C’est donc reparti pour un tour.

Bokassa tire une tronche pas possible. Il n’a que deux camemberts, le marron et le jaune. Bon dernier. Ce qui amuse bien Ghislaine, la fille d’un général dissident selon ses propres termes.

Dragan lit la question :

-- Quelle nageuse française a été sacrée championne olympique du 400 mètres nage libre à Athènes en 2004 ?

-- Tout ceci n’a aucun intérêt !

Il est furieux Bokassa. Lui ont coupé la parole tout à l’heure. Net. Lui et son écoutez-moi-parler. Le trivial a prévalu. Parce que c’est un passionné Bokassa, un passionné de la guerre froide et qui attend avec impatience de vivre la suite de l’histoire. Monsieur Nous vivons une époque de mutation. Seulement Ghislaine elle s’en fout de la mutation. Elle est en week-end et elle veut s’amuser. Parce que lundi les cours reprennent, que dimanche n’est pas un jour férié, que le trivial est plus instructif qu’un long discours sans queue ni tête d’un gosse qui se flatte d’observer le monde du haut de son château. Qu’est-ce que je glande là au milieu de ces futurs diplômés de l’université de Rouen, coincé entre les deux murs bien blancs d’une chambre universitaire. Deux ans que je n’avais pas mis les pieds au campus. La dernière fois, j’y collais des affiches pour le compte du Pôle Image, pour la venue d’un photographe danois célèbre pour ses clichés de l’autre amérique. Jacob Holdt si mes souvenirs sont bons.

Je crois que je voulais rencontrer des personnes d’humeur positive, de ceux qui s’émerveillent devant la neige, une tarte normande où quelque bar charmant du centre ville, convaincus que la France c’est Rouen et non pas Paris et ses monuments carte postale, pour n’avoir vu défiler que les stations de métro en direction de la gare Saint-Lazare ce jour de la première fois en Europe. J’aimais leur candeur de nouveaux arrivants. Ils ne se plaignaient jamais. Jamais. Jusqu’au jour où ils se sont mis à raller contre la pluie, contre le froid, contre ceux qui font la gueule, contre les voisins qui rallent un peu trop. Jusqu’au soir où j’ai entendu à plusieurs reprises : Putain, ça m’énerve, ce soir-là où Bokassa s’est senti mal, le mal de chez lui. Lui le panafricaniste sage, l’admirateur de la négritude et grand palabreur, sa grande taille, ses yeux toujours grands ouverts à l’affût de quelque détail qui semblent lui échapper, cette curieuse façon de raisonner qui consiste à annuler le pour et le contre, affublé du surnom le suisse de la bande, lequel n’a jamais été à l’aise en présence des étudiants comme lui, il me l’avait confessé ça, et leurs discussions terre à terre sur les cours, les examens, l’avenir –- il a changé d’avis depuis, après s’être introduit chez des compatriotes plus âgés dont la vie ne se résume plus qu’à reproduire les mêmes schémas que papa et maman, sur fond de crise. Tout le contraire de Ghislaine, de Dragan et ses interminables énumérations quotidiennes : le dernier écran plat de Sony acheté à la fnac, la bouteille de rouge pour pas si cher que ça chez Nicolas, Le dernier album de Bloc Party acquis chez Amazon.com, les sushis en barquette made in china de la rue Ganterie… Le parfait prototype de l’homme moderne qui gueule haut et fort à qui veut l’entendre qu’il est un consommateur compulsif. Un type des classes moyennes qui rêve d’être un bourgeois d’après Bokassa. Ce que je trouve amusant chez lui c’est sa façon de s’exprimer, ce mélange entre le français des films de Gabin et les intonations slaves. Ce qui a probablement plu à Ghislaine, ce jour où il avait gueulé zje consôômmme donnkueu zj’ai des couuuiilleus. Je me souviens très bien de ça, je consomme donc j’ai des couilles, nous étions au Vicomté et Dragan s’apprêtait à offrir à chacun le cocktail de son choix. Une demi-heure après, il la sautait dans les chiottes du bar. Elle en était revenue toute pimpante et avait lancé cette phrase qui humiliait Bokassa sur place : voilà un mec rassurant. Les premiers symptômes furent la disparition de tout signe de vie. L’impression qu’il n’était plus un sujet vivant mais une sorte d’épouvantail observant du haut de sa colline le genre humain. Ses froides paroles, techniciennes, et peu importait si on l’écoutait où pas, sa litanie sauce aigre-douce, le compte-rendu de ses observations, les réponses à ses interrogations. Il s’enfermait chez lui, causant seul à seul. Il nous faisait de la peine, à Ghislaine particulièrement, parce que n’étant pas née de la dernière pluie elle savait ce qui avait provoqué cette métamorphose. Seulement il faisait tout pour la contrarier, ce qui la rendait encore plus féroce à son égard. Je ne t’aime pas… moi non plus. Fallait donc qu’ils se séparent quelque temps.

Je l’emmenais en virée le soir chez des amis, dans des bars, parfois on chantait du Jacques Dutronc ivre mort dans le centre ville comme il pouvait déclamer du Senghor ou du Nietzsche, tout dépendait de son humeur. Il prit goût à l’alcool, s’efforçait d’oublier avant que demain ne répète sa triste réalité. Redevenait cet enfant naïf qui m’avait tant plus chez lui au début. Un soir, pendant que je commandais deux pastis au bar, il m’a dit d’un air exalté -- nous sommes des mecs authentiques, des sans avenir fixe qui se soûlent aux pastis parce que ça ne coûte que 2 euros. Lui ai souri tout en me disant qu’il était plutôt culotté ce gamin.

Bokassa ne voulait pas se rendre chez Ghislaine ce soir. Mais elle avait insisté auprès de moi – le Kissinger de la bande -- pour le convaincre. Elle était optimiste, pensant que deux semaines suffisaient amplement. Je l’ai donc convaincu. Me suis persuadé qu’il devait la revoir après tout s’il voulait sortir de l’impasse, nous sortir de ce merdier. J’avais acheté une bouteille de vodka premier prix chez Marché plus. Son lot de consolation. La condition sine qua non. Et Dragan nous embrasserait comme de coutume. Je me demande si j’aurais dû, vu sa tête. Il leur en veut à mort. Regard d’assassin fixant la main de Dragan étreignant celle de Ghislaine.

J’ai soudain envie de me retrouver seul. M’échapper de toute cette tension qui me rappelle une autre -- je ne l’ai pas revue depuis ce matin où je l’avais accompagnée à son lycée. Plus aucun contact malgré les mails que j’envoyais chaque jour sur facebook. Dans la dernière, je la traitais de sale pute. Elle ne m’a pas dégagé de ses amis pour autant. Son indifférence me mettait encore plus en colère.

Leur sors un baratin, une excuse des plus bidons, que j’avais peut-être oublié d’éteindre la plaque chauffante. Bokassa sent que je me fous de sa gueule. Je fuis son regard au moment de partir. Une sortie des plus minables.

Large rue vide. Feux de signalisation en rang. Des tours plus propres les unes que les autres. Impression d’une piste d’atterrissage dans la banlieue d’une ville secrète au fin fond de la Sibérie. Un vent glacial me tape sur le système, le froid polaire tant redouté. Une demi-heure de marche avant d’atteindre la ville.

Flocons par millions.

Rue de la République. Ne suis plus très loin de son appartement. Si elle refuse de m’ouvrir, je me couperai les veines. Elle n’aura pas d’autres choix. Je n’ai quand même pas quitté mes amis et fait tous ces kilomètres à pied dans la neige et le froid pour me faire recaler comme un chien. Qu’elle assume !

Porte cochère verte qui en impose. Je sonne rageusement à Kowalski. Il est plus de 23 heures et j’ai de la cocaïne dans le sang que je me suis mis dans le nez entre deux questions dans les chiottes.

-- Oui ! La voix est celle d’un homme d’âge mûr, la cinquantaine je suppose.

-- Je veux voir Laure tout de suite. Mais qui êtes-vous d’abord et qu’est-ce que vous foutez chez elle ?

-- Je suis son père. Et vous, qui êtes êtes-vous et qu’est-ce que vous lui voulez ?

-- Ça ne vous regarde pas. Dites-lui seulement de descendre, que Zack veut la voir. Et si elle ne vient pas, c’est moi qui monte.

-- Zack !

-- Ouais ouais… Zack, comme le Zack de Sauvés par le gong, de Rage against the mach…

-- Salut Zack. Je t’ouvre.

Quatre étages à monter. Au bout, son père et la mystérieuse voix qui a déclenché l’ouverture de la porte cochère. Je ne me sens plus très bien. Nausée. Au deuxième étage, profitant d’une fenêtre entrouverte, je dégueule toute la tension de cette étrange soirée. Pense aussitôt à faire demi-tour, foutre le camp, plus envie de me présenter dans cet état… l’odeur de gerbe. J’ai honte. Mais on n’achève pas comme ça les pulsions d’amour, de haine, je ne sais plus vraiment trop. Et je n’ai aucun désir de lâcheté.

L’énorme poster des jeunes gens mödernes trône toujours à l’entrée, faisant face à celui de Desintegration. Rien n’a bougé dans le salon qui sert de chambre également. L’album de Crystal castles toujours en évidence sur la table basse vieille des années de guerre. Silence embarrassé de mort que je casse. Pourquoi se gêner !

-- Où est Laure, je veux lui parler.

Son père ne me porte pas vraiment dans son cœur. Il m’a maté des pieds à la tête lorsque nous nous sommes salués. Puis elle est sortie de nulle part. Un visage très différent de celui de Laure, un corps terriblement bandant dont le moindre de ses mouvements n’est en rien dû au hasard, et impossible de lui donner un âge précis maintenant qu’elle est juste en face de moi.

-- Je peux te parler en privé, Zack ? Allons prendre un verre.

Je suis comme un toutou qui suit l’âme câline.

-- Laure ne veut plus me voir, c’est ça ?

-- Nous n’avons plus de ses nouvelles depuis trois semaines.

-- Comment ça ?, je pose la question machinalement mais en vérité suis hypnotisé par son regard.

-- Elle ne t’a pas appelé ?

-- Comment connais-tu mon prénom ?

Elle semble un peu embarrassée et prend aussitôt la direction des chiottes. L’endroit idéal pour réfléchir, prendre une décision. Faut aussi que je remette mes idées en place. A son retour, j’avais déjà liquidé mon jaune. J’en commande un autre. Avec glaçons et sans eau SVP, histoire de ne pas trop se noyer dans le silence.

Elle me prend la main. Je ne sais pas trop si c’est pour me consoler ou me séduire, mais elle me prend la main. Je ne la retire pas, attendant le verdict. Inquiet. Car sa main tremble. De plus en plus dans la mienne.

-- Je crois que Laure est morte.

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Notes

1. Yang Tsé Kiang (le fleuve bleu)